TENORES AL FESTIVAL DEL TARAVO IN CORSICA 14-15 SETTEMBRE 2012

 

Le chant A Tenore est issu de la culture pasto- rale de la Sardaigne. Il s’agit d’une forme spéci- fique de chant polypho- nique guttural à quatre voix - bassu, contra, boche et mesu boche - exécuté par un groupe de quatre hommes. L’une de ses particulari- tés est le timbre grave et guttural des voix bassu et contra. Les chanteurs forment un cercle et le soliste entonne la mélo- die, un texte en prose ou un poème, bientôt suivi des autres voix l’accom- pagnant en chœur. Pour entendre simultanément leur voix et celle des autres et atteindre ainsi l’harmonie parfaite, les chanteurs se bouchent une oreille. La plupart des chanteurs vivent dans la région de Barbagia. Leur art vocal fait partie intégrante de la vie quotidienne des populations locales. Il est souvent pratiqué de façon spontanée dans les su zilleri (bars locaux), mais aussi lors d’occa- sions plus officielles comme les mariages, la tonte des moutons, les fêtes religieuses et le carnaval de Barbaricino. La source écrite la plus ancienne attestant de cette pratique musicale est une forme ancienne de chant Tenore appelée Gosos de sa Figumorisca datant du début du XVII e  siècle et encore pra- tiquée de nos jours dans certains villages. ͮ Le chant A Tenore embrasse un vaste répertoire qui varie d’une région à l’autre. Les mélodies les plus courantes sont la séré- nade Boche ‘e notte (« la voix de la nuit ») et des chants de danse comme les Mutos, Gosos et Ballos. Les textes sont des poèmes anciens ou contemporains touchant des problèmes d’actua- lité comme l’émigration, le chômage et la poli- tique. En ce sens, ces chants peuvent être considérés comme des expressions culturelles à la fois traditionnelles et contemporaines. Comme beaucoup de traditions orales, le chant A Tenore est particuliè- rement vulnérable aux modifications de la struc- ture socio-économique sarde, telles que le déclin de la culture pastorale et le développement du tourisme. La diversité des formes et du répertoire régresse lentement. De plus en plus, les chants sont interprétés sur scène devant un public (de touristes), ce qui nuit à l’aspect très intime de l’interprétation de cette musique. De plus, beaucoup de jeunes quittent les régions rurales, rendant de plus en plus difficile la trans- mission de ces chants dans les villages. Depuis plus de 30 ans, le groupe Is Tenores di Bitti s’attache à sauvegarder ce patrimoine et sillonne le monde pour le faire connaître des ethnomu- sicologues et du grand public.

 

Tenores di Bitti al Festival del Taravo in Corsica